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30 Nov

Novembre 2011 – Les relations dans le couple durable

 - Catégories :  #2011-2012

ARES

 

 

22 participants pour la Réunion de ce 30 novembre 2011 

 

Sujet : Les relations dans le couple durable

 

 

L’ARES reçoit pour cette réunion le Dr Monseau, Gynécologue à Périgueux, ainsi que son mari (Dr Monseau).

 

Lors des réunions précédentes, nous avons mis en lumière les changements de mœurs en ce qui concerne la sexualité des jeunes, et l’on avait noté le manque du mot « amour » dans la discussion. On avait remarqué la distinction entre affectivité, sexualité et procréation. Avec Mgr Rouet on avait également souligné la différence entre éducation et transmission, ainsi que l’importance de l’individualisme et de l’information extra-familiale.

 

Aujourd’hui nous souhaitons nous intéresser aux relations dans le couple durable et nous pencher particulièrement, avec notre invitée, sur le sujet de la contraception dans la relation du couple.

 

 

1) Définitions :

 

 

Contraception : Moyen chimique ou mécanique temporaire utilisé pour empêcher la rencontre (ou la production) des gamètes et, par là-même, empêcher la conception d’un embryon. Exemple : pilule contraceptive, gel spermicide, diaphragme, anneau vaginal, préservatif féminin ou masculin… La stérilisation est une forme de contraception irréversible.

 

Contragestion : Moyen chimique ou mécanique utilisé pour empêcher une grossesse après la fécondation et donc après la conception d’un embryon. Exemple : Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) et Interruption Médicale de Grossesse (IMG), stérilet (qui empêche la nidation de l’embryon), pilule du lendemain…

 

 

2) La contraception et la contragestion d’un point de vue légal :

 

 

Malgré la dépénalisation* de l’IVG et la généralisation de la contraception, il y a un nombre incompressible d’avortements chaque année (≈ 200 000 par an en France) et le législateur essaie par tous les moyens de diminuer ce nombre. C’est pourquoi il est préférable, même pour une jeune fille de 14 ans, d’avoir une contraception autorisée et suivie plutôt qu’une grossesse non désirée. Le pharmacien pourra délivrer la pilule du lendemain, même sans ordonnance, toujours dans cette intention d’éviter le recours à l’IVG.

 

Il n’y a pas d’âge légal minimum pour demander une méthode de contraception**. Le législateur considère qu’une contraception bien menée et encadrée évitera le recours à l’interruption de grossesse, beaucoup plus traumatisante et coûteuse.

 

Une personne mineure peut également demander une interruption de grossesse en présence d’une personne majeure, sans forcément demander d’autorisation parentale pour cela. En effet on ne peut pas mettre le jeune devant la sexualité de ses parents, et réciproquement. Ils peuvent avoir des adultes référents avec qui ils parlent mieux de certaines choses qu’avec leurs parents. Souvent les jeunes ne sont pas capables de parler à leurs parents dans ce genre de circonstances. Mais parfois, le rôle du médecin va justement être, par son écoute et sa capacité à proposer une solution pour gérer l’urgence des patients, de replacer la patiente en position de discuter avec son entourage. Ainsi, une jeune patiente venue seule en détresse pourra revenir plus tard accompagnée d’un de ses parents.

 

La réglementation prévoit que les jeunes doivent pouvoir avoir accès à la contraception sans avoir à référer aux parents, entre autres raisons pour qu’ils n’aient pas le souci de devoir avancer de l’argent. Dans des lieux comme au Planning Familial, ils n’ont pas à présenter de carte vitale qui tracerait leur demande. La pilule peut leur être donnée gratuitement.

 

C’est à la famille de transmettre le message aux jeunes générations que le corps est unique, qu’elles ne pourront pas en changer, qu’elle n’auront que celui là qui pour transmettre la vie, qu’elles en sont responsables.

 

 

3) Le désir d’enfant et la régulation des naissances dans le couple durable :

 

 

Les femmes peuvent-elles demander une contraception sans ou contre l’avis de leur conjoint ?

 

Éthiquement elles n’ont pas à demander d’autorisation. Il y a aussi le cas contraire : l’homme qui voudrait arrêter la contraception mais la femme qui ne veut pas… Dans un couple qui sait dialoguer, le médecin est là pour dénouer et renouer des situations. La contraception est une affaire de chaque personne au sein du couple. On rencontre beaucoup de femmes qui souhaitent demander ou arrêter une contraception sans la présence de leur conjoint. On ne peut pas savoir si le sujet a été débattu au sein du couple ou si c’est une décision individuelle. Ce n’est pas si simple, même au sein de couples stables : chez certains, le désir d’enfant vient naturellement, et chez d’autres c’est un vrai dilemme. De nos jours les couples ont une durée de vie plus longue avant l’arrivée du premier enfant. Auparavant, c’était l’enfant qui liait le couple, de nos jours l’enfant est un projet comme le sont les vacances, le travail, le chômage. L’enfant se programme.

 

Lors de demandes d’IVG, les gynécologues voient souvent des femmes seules qui ne veulent pas nécessairement aborder la question du conjoint. Certaines femmes se font avorter sans en parler à leur conjoint. Il n’est pas question d’autorisation maritale.

 

Il est évident que la base de la relation du couple doit se faire dans le dialogue. L’individualisme et la libre responsabilité du corps de chacun changent la donne. Cependant la contraception, comme les enfants, cela se fait à deux. Dans la mesure où le recours à la contraception permet la relation sexuée sans procréation entre les individus du couple, elle fait partie intégrante du projet de vie et de famille du couple. Elle doit être discutée en tant que telle par le couple.

 

 

4) Points de vue éthiques sur la contraception, la contragestion et le travail du médecin :

 

 

Le médecin est à la fois un technicien et une personne. Il a donc le devoir de répondre à la demande de ses patients mais il peut avoir également ses propres convictions. Le médecin peut être tiraillé entre son éthique personnelle et celle de ses patients.

 

La Loi permet au médecin, grâce à la clause de conscience, de décliner la demande des patients et de proposer de consulter un autre praticien qui sera à même de répondre à cette demande, qu’il s’agisse de contraception ou de contragestion.

 

Le médecin est là pour écouter les angoisses, les pratiques de chaque patient, et pour y répondre au mieux en faisant prendre conscience à la personne en face de lui des problématiques qui se posent. L’éthique, c’est de mettre chacun devant ses propres pratiques, et de laisser à chacun le libre-arbitre dans ses choix personnels. Ce n’est pas au médecin de dire ce qui est bien ou mal, c’est à la personne de choisir en fonction de ses convictions grâce à une réflexion éclairée par la technicité du médecin. Le médecin doit dévoiler les problématiques auxquelles le client doit se confronter, par exemple : est-ce que porter un stérilet sera vécu comme un recours à l’avortement par la patiente ? Le stérilet empêche la nidation et donc la grossesse promise à un embryon, il s’agit donc techniquement d’un avortement. Cependant il a lieu à l’insu de la patiente qui ne se rend compte ni de la conception, ni de l’avortement qui a eu lieu. Elle ne le vit donc pas comme le traumatisme causé par l’IVG qui lui, a lieu après la prise de conscience d’une grossesse et qui fait donc suite à une prise de décision d’empêcher une vie déjà commencée.

 

Le praticien ne peut pas et ne doit pas choisir à la place de sa patiente, mais il doit s’assurer qu’elle a bien en sa possession toutes les données pour procéder à son propre choix.

 

Il y a des médecins qui refusent de pratiquer des IVG. Cela leur est permis grâce à la clause de conscience légale. De ce fait, il arrive que certaines femmes dépassent les délais légaux car elles ont vu plusieurs médecins qui leur ont opposé un refus. La Loi dit que chaque femme doit pouvoir avoir un médecin qui accède à sa demande d’IVG dans les délais.

 

Il faut se rendre compte que les IVG ne sont jamais faites de gaieté de cœur. Rares sont les personnes qui les vivent comme une méthode de contraception. Il arrive que des femmes jouent plus ou moins consciemment avec les délais. Cela veut aussi dire qu’elles ne sont pas vraiment prêtes à avorter. Mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’elles ont un désir d’enfant et que la grossesse et l’arrivée de l’enfant se passeront bien.

 

Éthiquement, même si un praticien est contre l’IVG, il peut difficilement ne pas dire à une femme qu’elle est enceinte et ainsi, ne pas lui laisser le choix de sa propre réflexion. Ce n’est ni au médecin ni au pharmacien de décider à la place des patients.

 

Dans toutes les civilisations non occidentales la contraception passe aussi par l’avortement, même avec l’utilisation de plantes abortives dont ils font grand usage. On est confronté à notre morale personnelle, même si la science nous donne les moyens d’assumer nos choix en agissant de façon plus sûre pour notre santé physique.

 

Le législateur comme la conscience collective préfère choisir la contraception plutôt que l’avortement. Dans l’IVG on peut déplorer la banalisation de la vie : on veut son confort pour soi, on accepte la mort de l’enfant pour son confort personnel. C’est la culture de la mort.

 

Et ce n’est pas parce que la Loi donne le droit de faire quelque chose que c’est pour autant que c’est bon pour Moi (par exemple la loi autorise le cannabis dans certains pays, mais si c’est autorisé en France, est-ce que ce serait bon pour Moi pour autant ?)

 

La société évolue nécessairement parce qu’on ne peut pas rester sur ce qu’on était avant : la famille a changé surtout depuis 30-40 ,ans. Les couples mariés stables, les pacs, les unions libres, les couples homos (même sans contraception). Il faut que chacun ait le choix. Ce n’est pas parce que la Loi permet qu’on est obligé. On a le choix.

 

Quelles informations ont les gens pour éclairer la conscience ? La vraie liberté c’est de faire ce qui est bon pour Moi et que rien ne m’en empêche.

 

 

5) La position de l’Eglise sur la contraception et l’avortement :

 

 

L’avortement est un crime abominable qui ne connaît jamais aucune justification. C’est la doctrine la plus ancienne comme la plus récente, et c’est une position qui est similaire à celle du monde Juif et du monde Musulman. Le crime est là : on ôte la vie à un être innocent qui n’a pas droit à la parole et ne peut se défendre. C’est pourtant un Être considéré comme autonome et vivant : la vie apparaît dès la rencontre des gamètes, dès la fécondation.

 

Ce n’est pas une position simple à tenir dans le monde contemporain. Mais c’est la dignité de l’Église de défendre le plus faible, ici : l’enfant.

 

Si le but est de tuer l’enfant, c’est un acte abominable. Cependant, si l’avortement est la conséquence seconde d’un acte voulu pour sauver la mère, ce n’est moralement pas la même chose. Ce n’est pas de l’hypocrisie : pour sauver la femme, on peut admettre que l’effet second du traitement soit la mort de l’enfant. L’acte moral est « voulu en tant que tel pour lui-même  et posé librement ». De même, si la mère a été forcée d’avorter ce n’est pas pareil non plus. Même en cas de viol : la violence est certes à l’origine de la conception, mais le crime est dans le viol, la conséquence étant la vie d’un enfant. Une deuxième violence, avec la mort de l’enfant, ne résoudrait pas la première. Il est préférable de mettre en place un accompagnement des personnes.

 

En ce qui concerne la contraception, il y a deux textes : le plus récent date de 1968 (Paul VI) et se situe dans le courant de libération des mœurs, de culture hédoniste promue et d’apparition des techniques de contraception chimique. Le pape y donne comme principe que la contraception, qui est un acte technique extérieur à l’intimité du couple, est moralement illicite. En 1968 quand le pape dit ça, il n’a pas vraiment le souci d’interdire, c’est prophétique : l’Église n’épouse pas son temps. Le projet est utopiste, irréaliste, mais il est d’annoncer Jésus Christ avec toute l’implication que suppose l’irruption de Dieu dans le monde et dans la chair humaine. C’est un projet de sainteté. La sexualité humaine est quelque chose de voulu par Dieu comme une bonne chose. L’Église n’a rien contre la sexualité humaine, elle a plutôt une conception idéaliste utopiste et très belle de l’union de l’homme et de la femme.

 

La contraception, par rapport à l’IVG, c’est un moindre mal. Mais c’est donc toujours un mal. Ce n’est pas un bien. Elle est moralement illicite car elle est une façon technique de contrarier l’union profonde de l’homme et de la femme. Nous prenons en compte cette donnée comme une notion révélée : vous ne maîtriserez jamais la vie. Attention à toute volonté de main-mise sur l’acte de création et tout ce qui l’entoure. On ne découpe pas l’humain en tranches (période de fécondation, de gestation…)

 

Un couple a le droit et le devoir de choisir le moment d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants. C’est un devoir de parentalité responsable. Il est légitime pour un couple d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant. Aucun système moral ou étatique ne doit avoir d’influence sur la décision du couple. C’est la dignité du couple humain de choisir. Mais les moyens pour le faire ne sont pas anodins.

 

Qu’est-ce qu’on induit dans les rapports dans le couple lorsqu’on dit : « tu as pris tes précautions ? » Est-ce que c’est TON affaire ou NOTRE affaire ? L’Église essaie de vous dire de vous respecter et de vous connaître. La technique et la science ne sont pas une solution à un manque de dialogue.

 

Il y a aussi le débat écologiste : arrêtons de saturer nos femmes de produits chimiques. Au cœur de l’intimité d’une femme, on y met des produits chimiques. C’est une position humaniste : il y a des arguments raisonnables que l’on partage aussi avec les non croyants. Mais être chrétien n’est pas la seule raison de la position de l’Église : c’est un discours d’humanité. La foi chrétienne n’est pas première dans le domaine, si ce n’est le grand respect du corps humain qu’apporte l’incarnation.

 

L’Église n’est pas là pour résoudre les problèmes techniques mais pour apporter une vérité : sa vérité c’est le Christ. On aide l’humanité à s’accomplir dans la sainteté. On aide les personnes à vivre ensemble et on tente de les orienter vers la sainteté.

 

L’élément extérieur au couple que représente la contraception, même s’il est discuté et voulu dans le couple en union, est quand même considéré comme extérieur : tout ce qui est techniquement possible n’est pas forcément moralement bon. Pour l’Église : l’union intime de l’homme et de la femme est ce que la nature rend possible : ce que le Créateur a voulu est fondateur de ce que nous sommes. Nous prenons la réalité pour ce qu’elle est sans vouloir la modifier dans l’intime.

 

La procréation médicalement assistée aussi est illicite moralement . Ayons une vision de la sexualité positive mais blessée. La sexualité en particulier est un lieu où la blessure humaine est la plus sensible : c’est un lieu de fragilité, de pouvoir et donc de possible violence, de beauté, de bonté, mais donc toujours de fragilité. Symboliquement la nudité lors de l’acte sexuel est importante. L’église considère qu’il n’est pas bon d’introduire un tiers dans l’acte intime, même lorsqu’il est voulu et choisi par le couple en union.

 

Pouvons-nous comparer ces modifications de notre nature aux besoins de réparation et de transplantations d’organes que des individus peuvent avoir pour préserver leur santé ? On peut saisir une différence entre défier le projet du Créateur en déjouant la vie là où elle advient, et remplacer un élément corporel déficient comme un os ou un organe qui n’intervienne pas dans la transmission de la Vie.

 

La Bible dit bien « à son image il les créa, homme et femme il les créa » ça donne un sens fort à la sexualité. Tout ce qui concourre à l’union va dans le sens du projet du Créateur.

 

 

 

La lecture proposée pour éclairer ce débat est le Cantique des Cantiques, situé au milieu de la Bible (vers 1000 ans avant Jésus Christ, attribué au Roi Salomon)

 

Ce texte parle de l’amour entre un homme et une femme de façon assez imagée, belle et réaliste mais sans parler de Dieu (ni son nom ni même le concept). Cependant c’est l’image même du couple uni qui représente l’image de Dieu.

 

 

* 17 janvier 1975 :Il s’agit seulement d’une Loi de dépénalisation de l’IVG : on ne met plus devant les tribunaux un médecin qui pratique l’IVG. L’article 1 est un hymne à la vie : « La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi. »

 

** Pour la stérilisation (contraception définitive) : l’âge légal est 18 ans et la procédure demande un délai de 4 mois de réflexion éclairée, soit un âge légal minimum de 18 ans et 4 mois pour subir l’opération

 

 

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