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26 Mar

RENCONTRE-DEBAT 10 avril 2024

Publié par ARES  - Catégories :  #2023-2024

 

Albert ROUET

HUMANISATION DE L’HOMME : UNE UTOPIE ?

Ares le 10 Avril 2024 au LARDIN


 

Je ne vais pas vous administrer un exposé mais plutôt une méditation sur un sujet dont je n’ai pas la solution ; et vous verrez pourquoi. De quoi allons-nous parler ?

D’abord l’hominisation c’est-à-dire la façon dont le bipède que nous représentons est apparu sur cette petite planète, la terre. Deux groupes de sciences répondent à cette question : * la préhistoire, l’archéologie, la paléoanthropologie… avec des moyens nouveaux : laser, IRM… C’est très intéressant mais c’est tourné vers le passé. Avec des résultats tangibles : on ne parle plus d’une évolution linéaire mais d’un buissonnement d’hypothèses avec des origines multiples de l’humanité. Le problème a été très violent au début du XX° sicle car les chrétiens ne voyaient pas comment concilier une lecture fondamentaliste de la Bible avec les résultats scientifiques (époque de l’Abbé Breuilh)

*L’éthologie qui est l’étude des comportements (Laborie, Bourlières)

Exemple : expérience de Laborie : 50 rats dans un espace tout se passe bien. Si l’on réduit l’espace de moitié les rats se battent. Avec 50 humains l’expérience aurait les mêmes conclusions. Nous sommes des mammifères. Une vieille représentation de l’humanité d’origine grecque est que nous sommes certes un animal mais doté d’un esprit qui lui permet de dominer la nature. Maintenant on est beaucoup moins affirmatif surtout quand on découvre les performances d’un animal qui peut construire, échanger, interagir….

Le problème de l’hominisation (apparition de l’H) laisse une question : cet Homme d’où vient-il ? et c’est alors l’humanisation ; c’est quoi un humain ? Difficile quand on voit l’actuelle violence, les comportements… de les rattacher à « humain ».

L’HUMANISATION : on va procéder en 4 étapes

  1. LA FRONTIERE avec plus de questions que de réponses

Il y a une frontière et toute frontière peut être franchie, elle a ses contrebandiers. C’est l’intérêt de la frontière. Comment définir la frontière de l’humanisation ? en faisant référence à 3 évènements récents : les enfants d’Isieu, le plateau des Glières, l’horreur du Rwanda.

Les enfants d’Isieu : 40 enfants arrêtés par Klaus Barbie, tous morts à Auschwitz ; spontanément nous disons « C’est inhumain ». Autre coup d’œil, celui de Klaus Barbie. Pourquoi a-t-il osé faire cela ? Pour lui ce n’était pas de l’inhumanité : les enfants n’étaient pas des humains car de la « race aryenne », la race des véritables hommes. Pareil au Rwanda pour les Tutsis : ce sont des « sous hommes ». L’inhumanité se caractérise par la dégradation de la qualité humaine. Voilà pourquoi des bourreaux obéissent aux ordres mais pensent que l’humanité ne peut pas être représentée par cette race. C’est monstrueux pour vous mais des milliers de gens ont pensé ainsi et encore de nos jours. Le problème de l’humanisation comporte une contradiction terrible entre, par exemple, ceux qui vont dire « il est inhumain de tuer des enfants juifs » et ceux qui diront « il est humain de tuer des enfants juifs parce qu’ils ne sont pas vraiment des humains ». La définition des humains a des conséquences concrètes : qu’est ce qui permet de dire que l’Autre est Humain, comme moi ?

La frontière est dans cette contradiction ; généralement cette frontière est gardée par la Loi. Le propre des lois, c’est de garantir ; « Les Hommes sont libres et égaux en Droit » ; la Loi pose des barrières en dessous desquelles elle reconnait l’inhumanité de l’acte posé (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ». Surgit un autre problème venant d’Afrique, mais aussi d’Asie où des personnes disent : c’est les Droits de l’H. & du C… blanc !!! On pose une frontière mais un contrebandier prouve qu’elle est poreuse. Alors pourquoi faut-il des Lois ??? Pour endiguer la violence « naturelle ». ex ce jeune tué car il entretenait une conversation avec la sœur de l’un des assassins.

  1. ORIGINE DE LA VIOLENCE ;

Ma lecture de ce problème. Nous avons tous connu le paradis, quel que soit notre âge : dans le sein de notre mère. On avait tout et tout de suite : chauffé, porté, nourri… sans rien faire. Notre inconscient garde mémoire de cet état paradisiaque. La naissance a été vécue comme une expulsion ; le bébé découvre qu’il fait froid, qu’il faut attendre : alors il gémit, il pleure… Il découvre le manque : il n’a pas tout, tout de suite !! Il faut attendre pour se nourrir, il y a un délai. Et ce délai est insupportable car il évoque le vide. Et si jamais je n’avais plus jamais de lait ?à manquer de soins ? abandonné ?... On a tous, dans notre cœur, ce vide. Alors on s’empare de tout ce qui peut combler ce vide : de toutes les façons le vide c’est la mort. Alors il faut l’effacer. Alors on accumule (comme dans un vieux grenier) : des fortunes impossibles à épuiser dans une vie, des conquêtes comme Don Juan : 1001 femmes mais il n’aura jamais appris à aimer ! On comble par des choses. Ou alors on accepte ce vide !!! que l’on n'aura jamais tout. Plutôt que de râler vous acceptez que le manque existe.

Un mythe Peul éclaire ce manque universel. Pourquoi l’excision ? un « Homme plein » ça n’existe pas. Un homme plein qui coïncide avec lui-même n’existe que dans le sein de sa mère et dans son cercueil. Entre temps il est ceci et aussi cela, il a du vide et une partie de plein. Quand un garçon nait il faut marquer ce manque : il est circoncis ; quand une fille nait on marque aussi le manque par l’excision.

« Je suis contre l’excision mais chez nous les Peuls on est adulte que quand on a affronté le manque. Vous supprimez l’excision, mais vous la remplacez par quoi ? Vous allez créer une insatisfaction ». Le problème du manque n’est pas propre à l’Occident. On ne remplit pas la manque, on vit avec. Il faut accepter de ne pas tout avoir, qu’il y ait du vide en nous. Ce vide est extrêmement utile : d’abord il nous évite de nous satisfaire des choses, car les choses ne peuvent pas contrôler ce vide. L’Homme ne coïncide pas avec ses conditions d’apparition. Vous pouvez connaitre votre histoire, faire une psychanalyse mais cela ne dit pas ce que vous en avez fait. C’est comme un jeu de cartes : ce que vous avez eu dans l’enfance c’est la donne. Après c’est ce que vous faites avec cette donne. L’H est toujours en train de s’arracher à l’opinion publique, la mode, les habitudes. Je suis scandalisé de la crédulité avec laquelle nos contemporains adhèrent aux fausses nouvelles. Il suffit que ce soit marqué sur le smartphone et c’est pris comme vrai. Il faut apprendre à juger, à lire. Le vide en nous c’est ce qui nous permet de nous arracher à tous nos conditionnements ; sinon vous ne direz jamais « je » mais « on » : vous répèterez la parole qui court partout.

  1. L’HOMME EST INACHEVE ; IL DOIT S’ARRACHER

L’H est un être inachevé. Eduquer un enfant, c’est lui apprendre à dire « Je », à faire le mieux possible avec ce qu’il est. Cette Liberté a besoin de l’Autre parce que les choses ne sont pas à la hauteur de ma Liberté.

Le mythe d’Adam dans la Bible, seul, empereur du monde, nommant et commandant les animaux et les choses. Il n’a personne à son niveau. Cela permet de réfléchir au rapport entre travail et capital : en dehors de la science économie, ils ne sont pas au même niveau. La réalité c’est que le travail produit, est créateur, et le capital encaisse. Le travail produit mais ne s’identifie pas aux choses. Le travailleur vaut plus que ce qu’il fait. Le danger, aujourd’hui, est d’être prisonnier des choses, de se sentir humain quand on peut satisfaire ses désirs.

Distinction entre « besoin » et « désir ». Le besoin : vous avez faim. Vous mangez. Vous n’avez plus faim. Le désir fonctionne à l’envers : vous aimez quelqu’un : plus vous vous rapprochez de cette personne, plus vous vous l’aimez. Le désir est toujours en train de croître, de grandir. Le désir ne peut pas être assouvi.

Edgar Morin : « … paradoxe où plus le progrès technique progresse…il est la cause des pires régressions de notre siècle : camp d’Auschwitz, Hiroshima, … il est difficile à concevoir que les progrès des connaissances a suscité une régression de la pensée devenue aveugle »

Il n’y a que la rentabilité et l’efficacité qui importent ; vous niez l’humain : apprendre à penser, à choisir sinon vous êtes l’esclave des choses que vous possédez. Les choses ne peuvent pas donner l’image, la conscience, de sa propre liberté. Il n’y a qu’une autre liberté qui peut vous apprendre que vous êtes libre. Constat : la révélation que tous les régimes totalitaires ont imposé une définition de l’Homme : « aryen » pour les nazis, « membre du Parti » pour les staliniens, « les fidèles » pour la hiérarchie catholique. On impose sa conception : on enferme l’Autre dans une définition totalitaire qui est le propre de l’esclavagisme.

Une relation de Liberté à Liberté ne peut être que réciproque, sinon vous traitez l’Autre en objet, qui n’est donc pas votre égal. Ne pas reconnaitre la Liberté de l’Autre c’est renoncer à sa propre Liberté. La Fraternité est la qualification même de l’Humain : et ça c’est toujours à refaire, à recommencer. Après 40 ans d’efforts, rien ne dit que la 41° année on continuera son effort. L’Homme est inachevé, toujours à reprendre, in fini. Il n’a pas de frontière devant lui.


 

  1. LE CHEMIN

La Liberté c’est difficile à définir, jamais finie. Il vaut mieux parler de Libération. Chacun de nous tente, de son mieux, de se défaire de ses liens, apprendre à dire « Je », à dire « Frères ». Ex vécu : une petite commune du nord de la Vienne qui vote soudainement à 13% pour le FN ; 3avec tous ces immigrés qui nous envahissent… » alors qu’il n’y avait pas d’immigrés, vérifié. Nomination d’un prêtre Africain : résultat aux élections suivantes FN à 4% ; Les gens avaient peur, ils ne savaient pas de qui. « On avait entendu dire… », « il se raconte que… »… Ils n’avaient jamais vu un africain dans la commune. Ils se sont libérés de leurs images, des racontars… pour voir la réalité par eux-mêmes. La réalité vue, souvent, à travers les fantasmes. Il vaut mieux parler de Libération. Cela va de pair avec le coté non terminé, non achevé de l’H.

  1. CONCLUSION : Y a-t-il un progrès de l’humanisation ?

Je n’en sais rien ! Il y a à titre individuel ou collectivement

  1. Individuel : à chaque naissance tout est à reprendre. Le nouvel H va devoir apprendre à vivre le manque, à accepter les Autres. Ce n’est pas héréditaire ! On peut surtout donner le désir d’un espace, de se libérer, d’aller plus loin, de ne pas s’arrêter. Il n’y a que les morts qui sont arrêtés. On peut montrer une orientation et surtout la joie que l’on a d’être Humain, de cette liberté d’esprit qui nous anime ;

Plus Humain que Tamerlan, Cro-Magnon… ? je n’en sais rien. Pourquoi je ne sais pas ? on est humain par rapport à notre origine, au milieu dont on sort, à la façon de s’arracher à ce milieu. L’humanisation est un rapport entre ce que je suis et les conditions où je suis apparu. Les conditions de vie de Cro-Magnon étaient moins plaisantes que les miennes. Mais son rapport à la Liberté qu’il avait acquise et les conditionnements du milieu étaient peut-être meilleures que dans la vie d’aujourd’hui.

  1. Collectivement : je pense que l’on ne peut répondre à cette question. Il y a des Lois indispensables et des Règles fondamentales. Mais comment les vivons-nous ? Nous sommes renvoyés à 2 choses : notre conscience et la manière dont on prend sa vie en main.

Collectivement l’humanisation est fondamentalement un problème politique ; en quoi une orientation politique va promouvoir l’émergence des sujets et la Fraternité entre les Hommes .

HUMANISATION/ QUESTIONS : REPONSES

ARES le 10 Avril 2024 au Lardin


 

: L’acceptation des autres… par manipulations certains dirigeants ayant repéré les manques, les faiblesses, proposent leur solution qui est autoritaire..

AR : Vous avez raison . Nous sommes entrés dans une ère de consommation, sans y adhérer vraiment, mais on en tire bénéfice. Ceux qui proposent espèrent être élus. Mais ces choses proposées ne peuvent pas combler. C’est la responsabilité de chacun. On ne peut pas empêcher de penser. Le droit de vote est, par exemple, une victoire qu’il ne faut surtout pas perdre.

Q : Tout est basé sur la peur. Les enseignements qu’on nous donne nous mettent cette peur. Je vais vous donner la réponse : il faut revoir l’éducation dès la sortie du ventre de la mère. L’école nous dirige vers une mauvaise direction. Il faut des personnes, sans intérêt commercial, qui éduquent la population. Il faut que les gens se bougent, mais je ne peux pas tout faire seul.

AR : Bon constat

Q : En parlant de manque vous parlez de l’essentiel. Mais pour évoluer, dés le début, on bouffe de la vie : des fruits, du lait, de la viande. Le manque fait donc partie de la vie. Ce qu’il faudrait c’est être moins consommateur et plus donateur ;

AR : 2 choses à dire : il faut 2 conditions : -1- Répartition à peu près équilibrée des ressources : on peut ne manquer de rien et au delà et à coté un autre meurt de faim (10 000 enfants meurent de faim par an). Un Prix Nobel Indien « Le problème n’est plus la production mais la répartition des richesses ». 17% des personnes possèdent 95% des produits de la terre.

-2- La vie est plus grande que ça !Ex : un adolescent qui me dit « Mes parents m’ont élevé comme un lapin. Je les déteste. Ils ne m’ont jamais dit pourquoi ils m’avaient mis au monde ». Comment voulez vous qu’un ado trouve du sens à sa vie si ses parents ne lui disent pas que la Vie c’est plus que du matériel

Q : Il est écrit que l’H est à l’image de D. : est-ce que ça dit quelque chose de l’humanisation et des responsabilités de l’H.

AR : L’H à l’image de Dieu c’est l’Homme in fini, l’Homme sans limites, qu’on désire rencontrer. Mais que l’on ne possède pas , dont on ne peut pas faire un esclave. L’H n’est pas Dieu mais a une capacité à toujours grandir. Une Béatitude : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront… » et tout le monde dit : rassasié. Mauvaise traduction ! traducteurs victimes de la culture contemporaine : il faut être plein. « Cortazzo » veut dire mettre une bête à l’engraissement. Plus elle va manger, elle ne sera pas rassasiée, et donc va manger encore plus. Le rassasiement tue l’H. Alors que ce que le texte dit c’est : plus vous luttez pour la Justice, plus voudrez la Justice ; plus vous avez de Liberté plus votre Liberté va croître.

Q : C’est toujours les autres ! Mais les Français aussi ont fait aussi mal. Avant à l’église on disait « Heureux les pauvres… » et il y avait des riches bien auprès du curé qui mangeaient beaucoup. On vit dans un monde tordu !

AR : Exactement ! Mépris de l’autre ! Les noms donnés par les soldats français aux jeunes vietnamiennes, il ne faut pas les répéter ! C’est donc dénier leur humanité. C’est sans frontières. « Le monde est tordu » ? comme dit E Morin il faut de la technique, de la science, du progrès ; on ne reviendra pas à l’âge des cavernes. Mais ce n’est pas le but ultime d’une société. Ces ressources créées, qui en bénéficie ? Il faut humaniser la science, qui nous sert, ne pas consommer des produits sans réfléchir.

Q : Que pensez-vous de l’IA et des progrès en génétique ? Si il n’y a pas de cadre

AR : Quels que soit la grandeur des moyens, l’H reste un être fragile. Il fait ce qu’il peut avec le jeu qu’il a ; s’il regarde en face, il a sa vie à construire. Aucun gadget ne pourra remplacer sa propre décision. Il y a un double discours sur l’IA : le scientifique et l’économique.

Règles et limites, vous avez raison : l’utilité de la Loi c’est d’éviter la violence.

Q : L’avenir est dans les mains de nos jeunes. Il y a une rupture, récente, avec un fossé générationnel. Il n’y a plus de contact avec les anciens.

AR : On a tous en tête l’image du petit village ; L’espace, avant, était construit autour de relations courtes. Maintenant c’est un F3 ou un F4 . Avec les grands parents très loin. Nous avons perdu les relations courtes et les avons remplacées par rien. Il y a des signes de relations humaines sans humanité qui grandissent. Sans relations courtes, les jeunes déconstruits ont des réactions violentes.

Q : Humanisation par le travail et au travail ?

AR : Le travail c’est toute une histoire ! Il a d’abord été considéré comme une peine. L’étymologie vient du travail d’accouchement. Il faut distinguer le « labeur » de l’H libre de la peine de l’esclave qu’est le « travail ». Le travail comme peine a surgi très violemment au XIX° au moment de l’industrialisation. IL faut reconnaitre que les socialistes français d’abord puis les marxistes se sont efforcés de redonner au travail sa dignité, en ce sens que le travail est une création. Le travail c’est aménager la terre, concrètement, de manière tangible. Belle image que celle des ouvriers travaillant à la cathédrale de Paris : expertise, dévouement, talent. Mais cela s’est perdu quand la financiarisation a remplacé la création. Dans cette recherche de rendement le travail est la première victime. Ce n’est pas la réussite de notre œuvre qui importe mais ce que ça va rapporter à d’autres que vous. Actuellement, le sens du travail, la place du travail est problématique.

« Faire et en même temps se faire » est remplacé par « Faire et en même temps se défaire ». Il faut un ré équilibrage autre entre travail et capital. Pour l’humanisation des rapports il faut de la reconnaissance : toujours frappé de voir l’absence de dialogue dans les entreprises.

Q : La souffrance au travail. Souffrance des salariés avec le manque de savoir vivre des dirigeants. Comment envisager un aspect humain, comment faire changer ces idées ?

AR : Vaste problème ! Notre société globalement fonctionne comme ça : vous avez évoqué quelques cas d’ouvriers licenciés. Je présume que ça a été réglé par un ordinateur sur un bureau entre New York et Stockholm. La vie des gens, la parole des gens sur place, on n’en tient pas compte. On les traite comme moins que rien : on les déshumanise

2° exemple : quand l’Eglise a fait sa réforme paroissiale elle n’a demandé l’avis de personne ! Elle fonctionne, a le même système de pensée. Qui parle ? Ceux qui dirigent. Quand vous faites parler quelqu’un, il a des choses passionnantes à dire, il se sent reconnu, exister. Sinon c’est un outil. Le problème est politique : la prise en considération de la parole du citoyen.

Ça n’a l’air de rien, mais ici vous avez le droit de, entre autres, dire que vous n’êtes pas d’accord. L’ARES est un lieu où la parole de l’Autre est prise en compte. Il n’y a pas beaucoup d’endroits comme ça. On avance que collectivement.

Q : En quoi consisterai l’humanisation ? Le Christ pour tout le monde, est un exemple parfait par sa vie, ses actes et son ultime sacrifice.

AR : Je n’en ai pas parlé. La vraie raison en est que l’Eglise a un discours sur l’H, mais ce discours doit plus à la philosophie stoïcienne de l’Antiquité qu’aux Evangiles. Un discours inaudible aujourd’hui !!! J’ai voulu monter qu’un discours humaniste peut dire des choses sur l’humanisation. Croyant ou incroyant tous se posent la question : comment devenir plus humain ? Mais je partage bien sûr votre opinion : le Christ dit « Je », ses relations et sa générosité sont exemplaires.

Q : Aspiration à la Fraternité universelle est-elle une utopie ?

AR : Non ce n’est pas un rêve ! Mais à une condition : Je ne pense pas que ni vous, ni moi puissions atteindre l’Universel. Et c’est un mensonge que de penser l’Universel avec un habitant du fin fond du Pacifique et ne pas s’entendre avec son voisin de quartier. L’Universel, si ce n’est pas un rêve, doit être incarné dans un endroit. Plus vous serez incarné dans du local, plus vous serez largement ouvert aux autres.

Q : Les vulnérables sont déshumanisés, avec une ségrégation pseudo scientifique. Les ehpad, les handicapés… de plus en plus radicalement.

AR : Le Dr Geneviève Demoures est plus compétente que moi. Mais je me souviens d’un temps où les vieux croupissaient près d’un âtre éteint. Le passage à la « Maison de Retraite » était un progrès ne serait ce qu’au point de vue de l’hygiène. Mais on en a fait un système et c’est là que c’est devenu problématique. Des ruraux n’avaient même pas le droit à un pot de fleurs. C’est passé d’un extrême à l’autre. C’est difficile, mais, plus un résident est écouté plus il vieillira en bon état.

DR Geneviève Demoures : Attention à ce qui est dit dans les médias ! Qui donne des arguments aux politiques pour le « virage domiciliaire » où il faut rester chez soi. Parce que ça coute cher à l’Etat ! et à domicile ça coute cher aux familles. Maintenant on soigne ces personnes. Il y a un manque de moyens mais surtout des postes vacants. Pourquoi ? Parce que on a dévalorisé, déshumanisé ces travailleurs qui passent toute leur vie à prendre soin des vieux. On est dans une civilisation de la performance, du paraitre et de la tyrannie du bien vieillir. C’est-à-dire accepter les vieux mais en forme, sportifs, sans cheveux blancs… à l’image de la société. Avec des absurdités politico-administratives (qui coutent un pognon de dingue) comme la campagne « Prévention de la perte d’autonomie »… dans les ehpad où tout le monde est dépendant ! Autre exemple : on n’a plus le droit de prononcer « Dépendance »… il faut dire « en perte d’autonomie ». Pourtant « Dépendance » c’est la solidarité, l’échange, l’Autre…

Les personnes prenant soin sont regardées négativement. Le plus négatif ce n’est pas le salaire mais le manque de reconnaissance qui décourage les candidatures.

Quelques photos de la soirée

 

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Réunion à BERSAC commune de Le Lardin St Lazare sur divers sujets de société