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09 May

L'humanitaire et ses ambiguïtés 18 mai à 20H

Publié par ARES  - Catégories :  #2021-2022

 

 

Le Lardin socioculturel e 18 Mai 2022 (68 participants)

L’HUMANITAIRE & SES AMBIGUITES


 

Le premier intervenant, le Docteur William Assaf représentait l’Association Brive-Sikasso (le Président Michel Blancher a honoré de sa présence notre réunion). Sikasso est la deuxième ville du Mali, jumelée avec Brive depuis 1982. L’Association apporte une aide au développement (terme préférable à « Aide Humanitaire »). L’intervenant a déroulé l’historique de l’aide humanitaire et ses dates charnières : 1048 : Ordre de Malte pour secourir les populations sous domination musulmane, 1863 la Croix Rouge en réaction au manque de soins aux blessés de la bataille de Solferino, 1949 les lois de l’ONU, et enfin la révolution de 1971 : à la suite de la guerre civile du Biafra il est créé le droit d’ingérence humanitaire.

Il a développé les différentes actions de l’Association dans 3 directions : l’éducation et la culture, l’économie et les services et enfin dans le domaine de la santé dont il est responsable. Ce sont des actions de formation, d’échanges, de fourniture de matériel (ambulance, tables d’opération, médicaments…) des campagnes de prévention…. « C’est un excellent moyen de connaitre l’Autre. On en sort toujours transformé. » Souleiman Coulibaly, Président de l’Association coté malien, dit : « nul n’a le droit d’être heureux seul ». Un autre sage africain dit : « De même que la beauté d’un tapis tient à la variété des couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde »

Témoignage bouleversant que celui de Sylvie de Boisvilliers, une « Enfant de la Creuse ». Elle fait partie des 2 600 enfants de La Réunion « déportés », sans doute avec de bonnes intentions, en métropole entre les années 1964 et 1984. Arrachés à leur famille ils étaient transférés en Métropole et confiés à des foyers, en particulier en Creuse. Le placement était aléatoire et, souvent, ils étaient utilisés comme garçon de ferme ou comme bonne à la maison dès le plus jeune âge. Outre le traumatisme de la séparation ils pouvaient, dans certaines familles, être maltraités, voire violés. Les promesses de voyage annuel à La Réunion ou d’épargne faite à leur nom n’ont jamais été tenues. Sylvie De Boisvilliers a, elle, été arrachée à sa mère et à son ile à l’âge de 12 ans en 1969. Sa mère n’a pas été informée de son départ vers la métropole après 2 ans de « foyer ». Elle n’a pu retourner à La Réunion que en 2006 (35n ans après) où elle a rencontré pour la première fois ses demi-frères. Une occasion de résilience, dans son cas particulier, a été la création d’un collectif de défense (Collectif 3D) et une activité professionnelle et associative intenses. Malheureusement un maquis administratif et politique ajouté à des ambitions personnelles font que les dossiers se perdent et les réponses aux questions et les revendications restent lettre morte. Ce qui peut être considéré comme un crime d’Etat n’est pas reconnu et toujours pas de réparation pour les victimes.

Le Père Albert Rouet, qui a une grande expérience d’aide internationale, a indiqué les 5 points d’attention pour être efficace et respectueux des personnes :

  1. Plan d’ensemble tenant compte des autorités locales et des différents aspects de la société (économie, santé, gouvernance…)

  2. Faire avec les gens et non pour les gens ; la population locale sait mieux que les intervenants humanitaires ses besoins et ses problèmes. Le contrôle de la corruption ne peut être fait que par le peuple ;

  3. Veiller au contact entre les 2 cultures et ne pas imposer ou fournir notre modèle de vie. Il ne faut pas démolir des équilibres et des modes de vie

  4. La co-formation en apprenant la culture de l’Autre (même quand c’est difficile comme l’excision). Chacun est l’enseignant de l’autre.

  5. Toujours penser que l’Humanitaire est différent du caritatif ».

Les difficultés proviennent presque toujours, non du pouvoir politique, mais des multinationales. « C’est seulement sur le long terme avec des projets en commun que l’on peut envisager un développement ».

Un couple hébergeant une famille ukrainienne de neuf personnes, présente son « expérience humanitaire » locale. Malgré des sacrifices financiers notables et des contraintes liés à la cohabitation, ils ne regrettent pas leur geste de solidarité et sont fort heureux de vivre et connaitre des ukrainiens. Et surtout d’avoir participé à les sauver. Les ukrainiens voudraient travailler… mais difficultés administratives. Leur souhait est de rentrer le plus vite possible chez eux dès que la situation le permettra.

CONCLUSIONS : « Servir et ne pas se servir »

*L’aide humanitaire, malgré des scandales (très minoritaires), est une manifestation louable d’altruisme et de don gratuit

*Problème du pouvoir (du haut en bas de la hiérarchie) et du respect de la personne dans toutes ses dimensions : santé, culturelle, morale, spirituelle…

*Question : quelles sont les conditions requises pour être respectueux et efficace ? (cf intervention P. Rouet)

*Gaspillage ici / Pénurie là-bas

*Corruption exotique … mais aussi ici, parfois à grande échelle (Françafrique, Fondations des GAFAM, lobbying des multinationales…)

« L’Humanitaire » peut se vivre sur place. L’aide peut être à apporter au coin de la rue !!!!!


 

 

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Réunion à BERSAC commune de Le Lardin St Lazare sur divers sujets de société